Saint Theudère et Saint-Chef-en-Dauphiné
Pour ce premier numéro des Carnets d’Égérie, nous allons parler de Saint Theudère le bienheureux né à Arcisse (soit à 9 km de la Ciergerie) aux alentours de l’an de grâce 500, que l’Eglise fête le 29 octobre.



Theudère semble être la déformation de Théodore et cela indique qu’il appartenait à une « gens » chrétienne.
Riche fils de famille, il a grandi sur les terres de la villa Arcissia, qui a donné son nom au village actuel, Arcisse (38990, Isère, France). Dans sa vingtième année, il quitta sa ville natale, animé par sa vocation de servir Dieu, après avoir distribué sa fortune aux pauvres. Saint Césaire d’Arles le fît diacre et l’envoya parfaire ses dons à Lérins.
Vers la trentaine, Theudère revint à Arcissia mettre à la disposition de la population locale ses formidables talents spirituels. Son activité créatrice sera intense. Guidé par une voix céleste, c’est dans le cadre sauvage et hostile du Val Rupian, à une demi-heure de marche du domicile familial qu’il crée un monastère dédié à la Mère de Dieu. De même, à Vasselin (38890, Isère, France) à seulement 1,9 km de notre atelier, Saint Theudère fonda un autre monastère sous le vocable de Saint Eusèbe.
Il ne reste malheureusement rien du monastère – si ce n’est une fontaine miraculeuse, déplacée de 10 mètres lors de la reconstruction de son église dans la deuxième moitié du XIX-ème siècle.
On raconte en effet que lors de l’édification de l’église de Vasselin, un glissement de terrain menaçait le chantier. Saint Theudère se mit en prière et le lieu fût épargné.
À la place de la coulée de terre jaillit une source dont l’eau guérissait les maladies oculaires. C’est ainsi que les pèlerins en route pour Compostelle faisaient un détour pour s’y laver les yeux. De nombreux autres édifices religieux doivent leur existence à l’activité du saint.

Saint Theudère finit ses jours à Vienne, appelé par son évêque Philippe à en être le « reclus ». Une tradition pieuse voulait que la ville entretienne une personne d’une piété reconnue en échange de la consolation des âmes et de ses prières pour le salut des habitants de la cité.
À sa mort, en octobre 575, en dépit de son vœu de reposer au Val Rupian au sein du monastère, les viennois tentèrent de garder sa sainte dépouille. Mais le Saint ne se laissa pas faire. Alors qu’on s’apprêtait à soulever son cercueil, celui-ci devint si lourd qu’on ne put le déplacer. À la troisième tentative, l’évêque qui présidait aux funérailles, annonça que Saint Theudère serait inhumé chez lui selon sa volonté. Le poids du cercueil se fit alors de plume et la procession se mit en route. Elle atteignit son but en trois jours pendant lesquels les miracles se multiplièrent. Deux d’entre eux nous touchent plus particulièrement car ils ont trait au vin et aux cierges, nos produits phares…
Les moniales de Vienne avaient fourni aux participants du cortège des outres de vin afin qu’ils puissent se désaltérer pendant la journée. Le soir venu, après une journée de marche, ces outres étaient vides. Le lendemain matin on les retrouva pleines à la grande joie des moines du Val Rupian arrivés au campement pour accompagner leur père fondateur vers sa dernière demeure. Mais la cérémonie ne put commencer qu’à la nuit tombante et le nombre de cierges était nettement insuffisant. Là encore, la volonté divine se manifesta et la cire se multiplia si bien entre les mains de ceux qui distribuaient les bougies que l’on put en allumer en quantité et achever la cérémonie comme en plein jour…

Le village soit sûrement sont nom aux reliques vénérées à l’abbaye. Rappelons que « chef » désigne la tête. Outre le chef de Saint Theudère, on devait y conserver également celui de Saint Thibaud, évêque de Vienne (925 -1000), ancien élève des moines, ainsi que celui de Saint Léger, évêque de Vienne lui aussi; et comme le précédent, à l’origine de la reconstruction de l’abbaye complètement ravagée par des incursions barabres de la fin du IX-ème siècle. Ces trois reliques ont disparu…
Lors des travaux en 1840-1850, l’architecte a dégagé derrière la première chapelle nord les restes d’une autre chapelle, avec un autel sur lequel reposaient « trois têtes bien conservées et garnies intérieurement de coton ». Il a emmuré ces têtes dans le mur et aurait laissé des indications sur la cachette à ses héritiers (qui n’ont malheureusement pas été révélées !).
À l’heure actuelle, on peut y vénérer des reliques de Saint Clément, martyr du I-er siècle, apportées à l’abbaye en 1715.
Quant à l’abbatiale, elle est un magnifique lieu de visite qui mérite le détour !
- Site de la ville de Saint Chef
- St Theudère et son abbaye de Saint-Chef, Etude historique, par l’Abbé Varnet (1873)
- Eglise de Saint Theudère de Saint-Chef ; Wikipedia
- Photo de la voute de la chapelle : http://www.tousauxbalcons.com/
- Photo de l’autel par Didier Jungers : http://www.isere-tourisme.com/patrimoine-culturel/chapelle-haute-de-saint-chef